Ordesa-Collioure748 km | 14820 D+
Nous quittons Ordesa pour rejoindre Gavarnie. Nous passons par le col de Cotefablo, du Pourtalet, d’Aubisque et de Soulor. Nous arrivons à la tombée de la nuit et le Cirque de Gavarnie est caché dans les nuages. Nous restons deux jours à Gavarnie pour nous balader dans le Cirque et grimper au col des Tentes. Nous quittons Gavarnie pour affronter le col du Tourmalet au petit matin. Une orde de Cyclistes est déjà présente pour gravir ce col mythique du Tour de France. Après 2h30 heures d’ascension nous arrivons en haut du col. Les cyclistes se pressent devant la statue du Géant Octave pour immortaliser ce moment. Une statue en hommage à Octave Lapize, premier coureur à franchir le col du Tourmalet en 1910.
Nous nous arrêtons en bas du col à Sainte-Marie de Campan et rejoignons Luchon où nous sommes hébergés par Myriam. Elle habite une petite maison et travaille dans un magasin de bières artisanales. Nous allons le soir dans un bar associatif, des musiciens s’y retrouvent pour jouer de la musique irlandaise. Le lendemain, Myriam nous proposent de rester un nuit de plus et nous acceptons avec grand plaisir.
Nous décidons de repasser en Espagne et passons par le col du Portillon. Nous nous arrêtons à Salardu dans le Val D’Aran et partons dans le Val de Montgarri. Nous passons par Baqueira, une station de ski où le roi d’Espagne a ses habitudes l'hiver. A cette saison, la station ressemble à un village fantôme. Plus haut nous rejoignons une route forestière qui nous mène au refuge del Fornet. Après une belle descente, nous grimpons à Espot, un petit village à l’entrée du Parc National d’Aigüestortes. Nous y restons quelques jours jours et en profitons pour grimper à l’Estany Tort de Peguera et à l’Estany de Sant Maurici. Nous passons par La Seu d'Urgell et basculons en France par Puigcerdà.
Depuis Vinça, nous décidons de profiter encore des montagnes pour faire un peu de dénivelé et passons par le Col de Palomère et le Col de Xatard. Depuis Céret, nous empruntons une voie verte jusqu’à Argelès-sur-Mer puis poursuivons jusqu'à notre destination finale, Collioure. La petite ville est bondée de touristes et nous devons nous frayer un chemin parmi les piétons jusqu’à la plage. Silli sur la plage avec son casque et son cuissard ressemble à un extraterrestre.
Parc National d’Ordesa et du Mont-Perdu
Un cabanon et des barrières sont à l’entrée de l’unique route pour entrer dans le Parc National d’Ordesa. Nous utilisons un des bus qui fait les aller-retours avec Torla. Une fois les barrières franchies, nous pénétrons dans une vaste et dense forêt qui surplombe le canyon. Des rangers en pick-up surveillent le Parc et scrutent les cimes à la jumelle. Nous avons l’impression de rentrer dans Jurassic Park. Nous roulons quelques kilomètres jusqu’au point de départ des principales randonnées. Nous sommes partis tôt, le soleil se lève et commence à dessiner les reliefs des falaises et à illuminer les genêts épineux. Le sentier démarre par une montée de 580 m puis redescend sur 10 km jusqu’à la cascade qui se trouve au pied du Mont-Perdu.
Hendaye-Ordesa435 km | 10139 D+
Nous restons quelques jours à Hendaye. Nous allons à Saint-Jean-de-Luz à vélo en empruntant la route de la Corniche qui longe la côte, habitués de la prévenance des automobilistes espagnoles, le comportement des français nous enrage. Nous nous baladons dans la ville et passons un moment à discuter avec un jeune couple de retraités à la terrasse du Bar de la Marine.
Après quelques jours de repos, nous décidons enfin à quitter Hendaye pour démarrer la traversée des Pyrénées. Nous passons par le Col d’Otsondo et d’Ispeguy et nous nous arrêtons à Saint-Etienne-de-Baïgorry. Nous prenons notre journée pour aller visiter Saint-Jean-Pied-de-Port, il est sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle et est une étape du GR10. Les rues grouillent de bâtons et de sacs de randonnée.
Nous quittons Saint-Etienne-de-Baïgorry sous la bruine et passons le Col de Roncevaux dans le brouillard, nous voilà de nouveau en Espagne.
Le lendemain nous franchissons le col de Remendia et le col de Laza et arrivons au fond de la vallée de Ansó. Le soleil décide enfin à percer les nuages qui nous accompagnent depuis le début de la journée et entamons la descente jusqu’à Ansó. Nous sautons de vallée pour celle d’Hecho. Nous roulons jusqu’au fond de la vallée, la route se transforme en gravier et montons le plus haut possible jusqu’à arriver à un minuscule refuge. La vue de la vallée depuis le refuge est incroyable, derrière nous un altiplano où des vaches paissent entre les méandres d’une rivière. Le refuge est malheureusement déjà bien occupé. L’idée d’y passer la nuit et d’être entassés comme des sardines ne nous séduit pas vraiment, nous redescendons alors jusqu’au camping qui lui est quasiment vide.
Nous faisons une pause d’une journée à Jaca avant de repartir pour le parc national d’Ordesa.
Nous trouvons un joli camping dans la vallée de Bujaruelo et y passons plusieurs nuits. Pour la suite de notre trajet, nous souhaitons aller au Cirque de Gavarnie, qui en soit, se trouve à quelques kilomètres d’ici à vol d’oiseau. Un sentier monte au Col de Bujaruelo qui permet de relier Torla et Gavarnie. L’idée de le traverser avec nos vélos nous trotte dans la tête depuis un moment. Ce n’est que 5 km d’ascension pour retrouver une piste en haut du col puis une route pour descendre à Gavarnie. Je décide de monter au col en courant pour en avoir le cœur net. Le verdict tombe dès les premiers mètres, impossible. Je continue tout de même jusqu’au col pour voir la vue de l’autre côté. En haut du col, un panneau indique : Gavarnie, 2h. Nous devrons donc faire 164 km et 4400 de D+ pour rejoindre Gavarnie en passant par le col de Cotefablo, du Pourtalet, d’Aubisque et Soulor.
Nous pensions pouvoir entrer dans le Parc d’Ordesa à vélo mais cela est interdit. Nous décidons alors d’emprunter une route forestière qui monte au Mirador del Molar pour avoir une vue sur le Parc. La pente est raide et caillouteuse. Le ciel est couvert et nous avons peur que les montagnes soient dans les nuages. Heureusement, le ciel se découvre un peu à notre arrivée pour nous offrir une splendide vue sur le Parc. Nous hésitons à poursuivre au deuxième mirador mais il est tard et préférons redescendre. Les descentes dans le gravier et les cailloux ne sont jamais très marrantes, il faut freiner sans cesse et nos bras vibrent comme des marteaux piqueurs. A la fin de la descente, un énorme orage éclate, la piste est pleine d’eau et nous sommes fouettés par la pluie et la grêle, nous ne voyons pas à un mètre devant nous. Nous roulons aussi vite que possible pour trouver un abri. Par chance un camping n’est pas loin. Nous débarquons dans le bar complètement trempés. Après deux bières et un paquet de chips nous décidons de repartir sous une pluie plus raisonnable, nous avons encore 7 km avant de rejoindre notre tente et la nuit commence à tomber.
Molina de Aragón-Hendaye473 km | 3887 D+
Nous restons une journée à Molina, nous logeons dans un ancien moulin éloigné de la ville. La réception d’un mariage s’y prépare, nous profitons du superbe jardin pendant que le personnel s’active. Nous nous baladons dans la ville et allons voir le château de Molina de Aragón. Le soir, nous restons un bon moment sur le parvis du moulin à discuter avec Pedro, le propriétaire. Le lendemain, nous décidons de parcourir les 150 km qui nous séparent de Zaragosa d’une traite. L’arrivée dans une ville après plusieurs jours dans des lieux isolés est toujours déstabilisante. Nous avons du mal à croire qu’il y a 3 jours nous étions dans les Montañas Vacias.
Nous nous rendons compte que nous sommes plus rapide que prévu. Au lieu de poursuivre en direction du cirque de Gavarnie comme nous l’avions prévu, nous virons à l’ouest en direction de l’Atlantique.
Les pluies des derniers jours ne nous permettent pas de traverser le désert de Bardenas, l’entrée nord et plusieurs sections du parc sont fermées. Nous devons le contourner.
L’orage se rapprochant, nous nous arrêtons à Olite. En arrivant sur la place centrale, le lieu nous paraît familier. Nous sommes déjà venu dans cette ville huit ans auparavant. Il y avait eu ce jour-là un lâcher de vachettes dans les rues. Les barrières en bois qui sont disposées dans les rues sont de nouveau là, un lâcher aura lieu dans deux semaines pour la fête de San Fermin. Nous profitons de la pluie pour visiter le Palais Royal, un château qui fut un des sièges du royaume de Navarre.
Nous entrons dans le Pays Basque, le paysage est plus vallonné et plus vert. Nous nous arrêtons à San Sebastian pour aller manger des sardines et des frites au port. Il fait très chaud, nous avons les jambes lourdes mais souhaitons aller à Hondarribia, juste avant la frontière française. Il y a beaucoup de circulation et nous devons tricoter dans la campagne pour éviter les routes principales. Nous nous arrêtons au Faro de Higuer et passons la nuit avec la vue sur l’océan. Le lendemain nous grimpons dans un bateau pour traverser la Bidassoa, le fleuve qui nous sépare de Hendaye. Un marché a lieu au port, nous en profitons pour acheter des fruits et des légumes et allons faire une sieste dans un parc. Nous avons loué un studio quelques jours pour profiter de l’océan avant d’attaquer les Pyrénées. Cela fait maintenant six semaines que nous roulons.
Cuenca-Molina de Aragón396 km | 5394 D+
Nous visitons Cuenca sous un crachin normand. Nous pourrions être au Mont-Saint-Michel. Une journée pluvieuse mais reposante. Le départ du lendemain n’est pas vraiment mieux mais la pluie cesse rapidement. Nous nous dirigeons vers Cañete pour récupérer la route des Montañas Vacias, les montagnes vides ou la Laponie espagnole. C’est l’une des régions la moins peuplée et donc méconnue d’Europe. D’une taille équivalente à deux fois celle de la Belgique, elle n’a néanmoins qu’une densité de 7,34 habitants/km2 soit une population similaire à celle de la Laponie.
Arrivés à Uña, de nouveau la pluie. Nous nous abritons sous un couvert et rencontrons Mario et Arco, son chien. Lui-même cycliste, il nous propose de rester chez lui pour la nuit. Nous passons l’après-midi et la soirée ensemble avec son amie.
Nous avons en ligne de mire le refuge de San Lorenzo pour y passer la nuit. Nous décidons à 2 km du refuge de prendre une route qui nous semble plus rapide, ce qui s’avère être un très mauvais choix. La route se transforme rapidement en sentier pédestre, nous devons pousser nos vélos et la pluie des derniers jours a rendu le chemin boueux. Nos vélos, au fil des mètres parcourus, accumulent la terre qui s’entasse et se compacte dans nos fourches et portes-bagages au point que nos roues ne puissent plus tourner. Nous passons trente bonnes minutes à s’en débarrasser. Plus loin, le ruisseau en contre-bas du refuge s’est transformé en marais. La route est coupée. Le refuge se trouve à 200 mètres et nous mettons une heure pour y arriver. Le refuge est en haut d’une petite colline et nous surplombons les alentours, nous profitons du silence en contemplant le soleil se coucher.
À Teruel, nous rencontrons Ivan, un cycliste qui nous aborde au café, il est Zurichois et sillonne l’Espagne et le Portugal en Mountain Bike. Nous discutons une bonne partie de la matinée et avons de la peine à décoller.
Sur la route pour Albarracin, de nouveau un orage éclate, nous nous détournons alors vers Caudé pour nous réfugier dans un bar. L’ambiance est à la fête et les locaux très accueillants. Au moment de partir, un homme en voiture qui était au bar nous propose de le suivre pour récupérer la route principale par un chemin qui n’est pas sur la carte. Ce qu’il nous a pas dit, c’est qu’il y a une voie ferrée à traverser. En bon cabalerro, il nous aide à porter nos vélos pour les franchir.
Albarracin est très joli, les prochains jours ne sont pas favorables pour rouler, nous y restons deux jours à lire et tracer des routes pour les prochaines semaines. Le restaurant du camping est excellent, ce qui ne nous aide pas à poursuivre notre route.
Pour rejoindre Molina de Aragón, nous traversons le parc national de l’Alto Tajo. En entrant sur la piste qui longe el Rio Tajo nous perturbons le petit-déjeuner d’un vautour. La carcasse d’un bouquetin est un milieu de la route, il n’en reste que la peau et les os. Le canyon est magnifique, les arbres nous apportent un peu d’ombre et laisse apparaître les immenses parois rocheuses en grès rouge qui nous encerclent. Nous quittons le parc en passant par l’Ermita de la Virgen de la Hoz, construite à la base des falaises des gorges de la Hoz. Nous grimpons les petites marchent abruptes pour aller admirer une dernière fois la vue sur ce parc sauvage et magnifique.
Castril-Cuenca521 km | 6308 D+
Après deux nuits à Castril, nous profitons du soleil matinal pour nous rendre dans les Sierras de Cazorla Segura y Las Villas à Los Campos Hernàn Perea, une grande plaine à 2000 m d’altitude, parsemée de troupeaux de moutons. Le matin et le soir, un ballet de 4x4 arpente les collines, ce sont les bergers qui surveillent leurs troupeaux. Plusieurs refuges se trouvent sur notre chemin et nous en profitons deux nuits.
A Pontones, nous rencontrons une australienne, Eddie, qui fait également du bikepacking, elle suit la route de l’Altravesur en mountain bike, une route gravel qui part de Cadiz pour rejoindre Valencia.
Pour arriver à Riòpar, nous traversons une forêt de mélèzes, un orage nous suivra jusqu’à notre arrivée. Nous pensons à Eddie qui a emprunté des chemins moins roulants que les nôtres et qui doit être sous la pluie. Le soir, nous partageons notre table avec Bram, un hollandais qui fait également l’Altravesur. La route qui nous mène à Alcaraz nous fait traverser un élevage de centaines de Taureaux destinés aux Corridas.
Prochaine étape, Albacete, nous devons traverser 200 km de plaine sans dénivelé, nous en profitons pour les parcourir en deux jours. Nous empruntons une voie verte aménagée sur le parcours d’une ancienne voie ferrée. 80 km de lignes droites, de courbes et de tunnels (25), joli mais monotone.
A Albacete, nous retrouvons Bram par hasard en prenant un café sur une terrasse. Nous faisons un bout de chemin ensemble, nos routes se séparent 40 km plus tard, lui va à Valencia et nous vers Teruel. Nous nous arrêtons dans un camping au bord d’une rivière proche de l’Embalse de Contreras et décidons d’y rester deux nuits. Le lendemain, même schéma que les jours précédents, matin ensoleillé et à 15h, orages. Avant de nous rendre dans les montagnes, nous nous arrêtons deux nuits à Cuenca, une des plus belles villes médiévales espagnoles, située à l'entrée de la région montagneuse du même nom. La journée est pluvieuse, encore, et nous en profitons pour visiter la ville.
San José-Castril396 km | 6253 D+
Après trois jours à San José et Las Negras nous quittons la côte en direction de Tabernas. Les portes du désert nous accueillent avec une journée de pluie diluvienne, nous nous abritons deux nuits dans un hotel. Après un point météo en haut d’une colline pour voir l’horizon, nous décidons de tenter notre chance et d’avancer. Nous traversons le désert de Tabernas en empruntant une ancienne route qui n’est plus utilisée, celle-ci ayant été remplacée par une autoroute. Guadix est encore loin et la pluie menace, nous quittons alors la route pour rejoindre un refuge à Finaña, 7 km de Gravel pour finir la journée. Par chance nous arrivons au refuge 10 min avant la pluie.
Nous restons une nuit à Guadix dans le quartier des maisons sous terre en retrait du centre. Direction Gorafe, nous faisons un détour par Beas de Guadix pour emprunter un passage mythique d’une course de gravel, El Mirador del Fin del Mundo. La route jusqu’à Gorafe sera très roulante à travers des paysages magnifiques.
Nous arrivons à Gorafe en début d’après-midi, nous trouvons un hôtel pour nous alléger de nos sacoches puis partons pour le désert. 30 km de gravel dans les canyons nous attendent. L’entrée dans le désert est impressionnante, la piste sillonne entre deux canyons vertigineux, le temps est orageux est donne une superbe lumière. Nous sommes toutefois inquiets par la météo, la pluie rendrait cette sortie dangereuse. Nous gardons un œil sur les nuages et roulons dans un silence quasi religieux tellement le spectacle est grandiose.
Nous devons désormais remonter vers le parc naturel de Las Sierras de Cazorla Segura y Las Villas mais encore une fois la météo nous joue des tours. À Freila, nous squattons la terrasse couverte d’un restaurant fermé au bord d’un lac. Nous sommes abrités et la vue est magnifique. Un énorme orage nous bercera toute la première nuit. Le lendemain est plus ensoleillé mais nous décidons de profiter du lieu pour une deuxième nuit.
À 8 km de Castril, un monstre orage éclate, des éclairs et de la grêle comme si il neigeait. Nous nous abritons sous un arrêt de bus. Sur les kilomètres restants, les routes sont dévastées par des coulées de boues. Nos vélos ne ressemblent plus à rien et nous commençons à sentir le chien mouillé.
Granada-San José314 km | 4876 D+
Après deux jours de visite, nous quittons Granada en direction de l’Alpujarra pour sillonner la route qui longe la Sierra Nevada. Nous passons notre première nuit à Lanjaròn dans une oliveraie. Nous poursuivons avec des haltes pour la nuit à Trevélez, Laroles et Alhama de Almeria. Malgré la sécheresse, l’Alpujarra est assez verte avec de nombreuses sources d’eau et des fontaines.
De Fondón à Alhama de Almeria, le paysage change radicalement, plus désertique, plus sauvage. À Instinción, nous contournons une route trop fréquentée en passant par le lit d’une rivière asséchée.
Cabo de Gata nous accueille avec un joli vent de face et nous offre une belle vue sur la Mer Méditerranée. La pluie est attendue ces prochains jours et décidons de faire une pause à San José.